lejudik

DESTRUCTION DU TEXAS GRILLZ RIVIERA 3 : la procédure à suivre selon ALLOU ELVIS ADJAFFI (Doctorant en Droit)

crédit photo : fraternité matin

À l’intention du propriétaire de Texas Grillz,

Qu’il me soit permis avant tout propos de vous féliciter pour votre initiative : la création de Texas Grillz. Depuis hier, je lis, grâce à des personnes miennes, qu’une missive vous a été adressée de la part de l’AGEROUTE, et faisant état de ce que compte tenu du fait que vous occupiez le domaine public, vous devrez dégager les lieux. Sous le contrôle de mon cher Maître qui me lira, j’en suis certain, l’on sait que le domaine public est, par principe, inaliénable et imprescriptible.

La règle de l’inaliénabilité[1],  principe dont l’écorce législative recouvre peut-être le vieux bois des coutumes[2], interdit les démembrements de la propriété du domaine public et spécialement la constitution sur le domaine public de droits réels civils au profit des administrés. Pour la jurisprudence, aucune servitude de droit privé ne peut être instituée sur le domaine public[3].

Toutefois, il peut exister une servitude civile sur le domaine public à la double condition que, d’une part, elle préexistait à l’incorporation du bien au domaine public et que, d’autre part, elle est compatible avec l’affectation du bien en cause[4].

Quant à la règle de l’imprescriptibilité[5], elle complète, sans en découler, la règle de l’inaliénabilité et permet de protéger le domaine public contre une appropriation par des tiers. Il résulte de ces deux principes, qui peuvent être invoqués par la personne publique propriétaire mais également par toute personne lorsque cette règle est nécessaire à la défense de ses droits[6], que nul ne peut détenir, légalement, de droit de propriété sur une parcelle du domaine public[7].

Il s’ensuit que c’est à tort que l’administration délivre privativement des titres à des administrés sur des terrains identifiés comme des dépendances domaniales[8] car pour la Chambre administrative de la Cour suprême : « l’existence éventuelle de titres de propriété privée détenus par des tiers voisins sur un terrain appartenant au domaine public est sans influence sur sa véritable nature juridique »[9]. De ce qui précède, il ressort ce qui suit.

Recommandations

♦Il importe, au préalable, de rechercher la véritable nature du terrain querellé dans la mesure où la Chambre a su faire montre d’audace en remettant en cause la nature du titre de propriété[10] qui était inattaquable[11]. Pour le faire, je vous conseillerai de prendre attache avec le Conservateur de la Propriété foncière et des hypothèques de Cocody.

♦S’il ressort de vos investigations que le terrain occupé ne se trouve pas dans une dépendance du domaine public, il faut, au plus vite, mettre en œuvre la procédure du recours pour excès de pouvoir tout en prenant soin de respecter toutes les conditions de recevabilité surtout celle relative au recours administratif préalable et aux délais. À ce niveau, le recours à un conseil vous sera d’une grande utilité.

♦Après avoir saisi la Chambre administrative d’un recours pour excès de pouvoir, il faut demander le sursis à exécution de la décision attaquée devant ladite juridiction.

♦S’il arriverait, enfin, que la décision soit annulée par la Haute juridiction, il faut saisir le Tribunal de première instance d’une action en responsabilité contre l’administration pour édiction d’acte illégal.

Je vous écris car je m’interroge, en Afrique, sur l’utilité d’une pétition surtout que l’exécution des décisions de justice est plus que problématique[12]. Mais, la procédure judiciaire, même si ses jambes semblent être amputées avant sa conception, conserve, tout de même, ses mérites.

Gageons que la procédure retiendra l’administration aussi longtemps que le temps pour un fumeur de griller avec volupté sa dernière clope dans un bureau[13].

 

ALLOU Elvis ADJAFFI

Doctorant en Droit public

Université Félix Houphouët-Boigny (Abidjan-Cocody)

+225 47 299 345

 

[1] La règle de l’inaliénabilité a été consacrée sous l’Ancien Régime par l’ordonnance de Moulins de 1566. Les révolutionnaires de 1790 supprimèrent cette règle de l’inaliénabilité. Et ce n’est que la doctrine du 19e siècle qui va la ressusciter pour sauvegarder certains biens qu’elle estimait essentiels pour la vie sociale. Elle sera par la suite confirmée par la jurisprudence (CE, 17 février 1933, Susini, Rec., p. 67 ; CE, 9 mai 1958, Delort, AJDA, 1958, p. 331).

[2] Marcel WALINE, note sous CE 10 février 1967, Jacquier, RDP, 1967, pp. 977-978.

[3] CE, 10 décembre 1954, Commune de Champigny, Rec., 1954, p. 658.

[4] CE, Ass., 11 mai 1959, Dauphin, rec. p. 294 ; CE, 22 avril 1960, Berthier, Leb, p. 264.

[5] La règle de l’imprescriptibilité, tout comme celle de l’inaliénabilité, a été forgée sous l’Ancien Régime par un édit royal de 1667. Elle se trouve confirmée aussi en Côte d’Ivoire par l’article 211 de la loi du 26 décembre 2003 portant régime financier, fiscal et domanial des collectivités territoriales.

[6] CSCA, 15 février 2017, Ramzi Omaïs et autres c/ Préfet du département d’Adiaké, arrêt N° 37.

[7] CSCA, 28 février 2018, Port autonome d’Abidjan c/ ministre de la Construction et de l’Urbanisme, Conservateur de la Propriété foncière et des hypothèques de Treichville, arrêt n° 39 ; CSCA, 23 mai 2012, Mme Gralou Gounan, veuve Yabi Tra Barthelemy c/ ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat, arrêt n° 84 ; CSCA, 19 décembre 2012, Port Autonome d’Abidjan (P.A.A) c/ Ministre de la Construction et de l’Urbanisme, arrêt n° 141.

[8] CSCA, 23 mai 2012, Mme Gralou Gounan, veuve Yabi Tra Barthelemy précité.

[9] CSCA, 18 janvier 2012, Autorité Nationale de l’Aviation Civile précité.

[10] CSCA, 21 mai 2008, Deflorin c/ Ministère de la construction et de l’urbanisme, arrêt n° 19 ; CSCA, 17 décembre 2008, Touré Abibata et autres c/ Ministre de l’économie et des finances – Directeur du domaine et de la conservation foncière, arrêt n° 55 ; CSCA, 23 juin 2010, Wilson Tété et autres c/ Le conservateur de la propriété foncière et des hypothèques, arrêt n° 55.

[11] Paterne MAMBO, « A propos des titres de propriété foncière. La discorde des juges ivoiriens à la lumière de la jurisprudence récente », in Mélanges dédiés au Doyen Francis WODIÉ, Toulouse, Presse de l’Université de Toulouse 1 Capitole, 2016, pp. 361-384.

[12] Chambre administrative de la Cour suprême, Rapport de l’année judiciaire 2012-2013, pp. 27 et s.

[13] Emprunt à Pierre-Claver KOBO, Rapporteur dans l’affaire Maître Cheick Diop c/ Président de la République


Faut-il parler de sexe aux enfants ?

Crédit photo : freepik, licence libre

Depuis que j’ai quitté la maison, ma mère, la femme Baoulé qui m’a mise au monde me soumet à un rituel, celui de l’appeler au moins deux fois dans la semaine. Pareil pour mon père, lorsqu’il ne m’entend pas au téléphone au bout de deux jours, il s’empresse de m’appeler pour s’enquérir de mes nouvelles. En tout cas, ce sont nos moments bien à nous, l’occasion de faire les débriefings, de prendre des conseils et astuces, mais surtout de compte-rendus.

En parlant de compte-rendu, avant-hier, ma mère m’a appelé pour avoir de mes nouvelles, et quand maman appelle hé bien, c’est au moins 30 minutes, la femme Baoulé m’aime trop et moi aussi donc tous les moyens sont bons pour manifester notre attachement. Au cours de notre conversation, elle me demandait de prier pour les enfants et principalement pour l’éducation de mes petites sœurs parce que leurs environnements leur soumettent à des pressions malsaines.

En effet, elle m’explique que, en revenant de l’école, la dernière de la famille, Nelly (9 ans, en classe de 5e), haute de trois pommes, est revenue avec deux questions qui lui ont donné des palpitations. La première question n’est autre que « maman, c’est quoi club des déviergées et le club des vierges ? » Ah ! Vous avez la bouche ouverte comme la mienne aussi ?

Oui, c’est cette question qu’elle a posée à sa mère, car dans son école il existe de tels clubs et les adeptes du club des déviergées demandent à ce que les jeunes filles se fassent dévierger pour accéder à leur clan qui est très fun et en vogue. « Bleue » (innocente et nouvelle) donc dans cette histoire et ne sachant ce que sont « une vierge et une déviergée », ma petite sœur recourt directement à sa mère qui est sa confidente.

La première question est moins effrayante que la deuxième, voyons ensemble : « Maman, c’est quoi faire Tchiep ou manger Tchiep ? » En langage codé : faire une partouse. Surprenant comme question pour une petite fille de neuf ans, vous en convenez avec moi ! Mais en réalité, ces questions posent le problème de l’éducation sexuelle des enfants : faut-il parler de sexe à ses enfants ?

La question est très importante ; en Afrique, on a eu pour coutume de faire du sexe un tabou, un mythe, une dimension très inaccessible du sacré. Résultat, ce que tu n’apprends pas à la maison, malheureusement la rue te l’apprend. La génération actuelle, appelée « génération pressée », a accès à Internet et à toutes sortes de technologies, alors ce qui était sacré, caché avant ne l’est plus. Il suffit de demander à Google et les résultats de recherche se chiffreront en centaines, au moins. Prématurément exposés aux choses sexuelles, ils sont pressés de découvrir les choses dans la pratique, avec souvent des conséquences néfastes et irréparables pour la majorité d’entre eux.

Récemment, le web ivoirien a vu circuler les vidéos de jeunes collégiens en plein ébats. La rumeur actuelle fait état de pratiques à caractère sexuel très bizarres au sein des écoles et collèges qui sont devenues des jeux ou rites d’initiation, on parle de « tontine sexuelle ».

Comme le disait un vieux sage en Côte d’Ivoire, « le temps qui est le temps n’est plus le temps qui était le temps » (adage pour dire que les temps ont changé). Alors, faut-il à titre préventif parler de sexe à ses enfants, si oui à quel âge et à quelle période de leur croissance faut-il le faire ? Faut-il rester de marbre en attendant que les plus curieux de vos enfants veuillent vous en parler à chaque fois qu’ils seront confrontés à une question sexuelle ?

N’hésitez pas à partager votre point de vue, vos conseils sur la question en commentaire, votre point de vue pourra aider plusieurs parents.

Ma mère a toujours eu pour technique d’être ouverte et proche de nous très tôt, avec des menaces parfois, elle a réussi à nous informer sur certaines questions sexuelles de sorte que la rue ne réussisse pas à nous désinformer et déformer, et corroborer le tout avec une grosse pincée de spiritualité et de l’évangile.


Hiré mine d’or ou de malheur 2 (suite)

En janvier 2018 j’avais rédigé la première partie et la deuxième partie de cet article , hélas pour des raisons indépendantes de ma volonté la 2e partie n’avait été publiée. Comme on dit en Afrique il n’est jamais tard pour bien faire,voici   la suite de l’article hiré mine d’or ou mine de malheur 1.

Hiré est une localité dans la région du Goh à environs 4h de route d’Abidjan. L’adoption du Code minier et l’augmentation du prix de l’or au cours de la dernière décennie ont entraîné l’expansion rapide de l’exploitation minière, surtout aurifère en Côte d’Ivoire. Les localités de HIRE et de BOUAFLE (ANGOVIA) en particulier ont connu un afflux d’exploitants miniers artisanaux et industriels avec son lots de conséquences désagréable désastreuse pour les populations environnants et leurs environnements..

Pollution de l’eau et matière première agricole en voie de disparition

Selon l’article 11 du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et d’autres instruments relatifs aux droits de l’homme, chacun a droit à une nourriture suffisante, en quantité comme en qualité et exempte de substances nocives.

À Bonikro et Koutoukou Konankro des villages à côté de Hiré là on parle de pollution au cyanure. L’eau et les ruisseaux d’eau environnant sont pollués au cyanure.

Malgré les mesures qui sont prises, la population se plaint de maladie et de pathologie liée au cyanure. Dans une étude de l’ONG APDH mené en 2016, l’on a pu démontrer par prélèvement et analyse approfondie en laboratoire, la présence d’une dose très élevée de cyanure dans certains plans d’eaux du coin.

À Koutoukou Konankro, le bac à cyanure est un véritable spectacle de pollution chimique. Le sol rougeâtre mélangé au cyanure et aux résidus de roche fractionnée vous donne une couleur blanchâtre qui vous annonce déjà les couleurs de ses effets nocifs.

Au lieu d’être un espace bien surveillé et barricadé, certains coins de la grille sont ouverts et j’ai pu apercevoir un troupeau de bétail, légions dans la zone aller se nourrir dans cette zone cyanurée pendant que des pancartes interdisent de manger ou de boire dans les environs.

Un jour, ce bétail se retrouvera sur le marché et consommé par la population. Comme en Afrique, on ne fait rarement pas d’études et analyses approfondi sur la cause de la mort, la mort c’est sacré, et bien, on ne liera pas nos ennuis de santé à ces produits.

Concernant le sol, c’est un autre calvaire que la population vit dans les trois villages que j’ai sillonnés, il n’y a plus de moyens d’exercer la culture vivrière dans la zone, le sol est devenu dure et infertile. Les nombreuses tentatives pour faciliter les choses n’ont rien donné.

Dans le village Bonikro, la présidente des femmes rapportait pour exemple que sur une plantation de près de 10 hectares de cacao elle avait pu récolter que de malheureux grain de

cacao qui remplissait à peine son plateau en liane. Les grandes plantations ont été abandonnées au profit de l’exploitation.

Orpaillage clandestin

des orpailleurs clandestins dans une mine clandestine à Hiré

Dans les sites orpaillages, on ne pouvait y accéder et parler aux gens que sous la caution du chef d’exploitation. Les risques que les gens prenaient dans ses trous béants avec des moyens artisanaux de sécurité de site étaient flagrants. On pouvait noter en outre, la présence de toutes les couches de la population : enfants, jeunes et vieux, les femmes…

Ici et là, des enfants dans des étendues d’eau bouilleuse, aidée de leur mère s’adonnaient au lavage d’échantillons de terre obtenue par la fouille archéologique et vigoureuse de coups de pioche donnée par les hommes de la bande.

L’exploitation est à ciel ouvert, que dis-je tombeau ouvert, il suffit d’un écoulement de terrain et de boue pour laisser ce lieu devenir un cimetière.

Indemnisation injuste, et arbitraire

L’article 15 de la constitution ivoirienne dispose que : le droit de propriété est garanti à tous. Nul ne doit être privé de sa propriété si ce n’est pour une cause d’utilité publique et sous la condition d’une juste et préalable indemnisation.

Ainsi en droit ivoirien, la victime expropriée de ses terres doit faire l’objet d’une indemnisation. Le droit ivoirien ayant peu fait d’évolution il y a dans le processus d’indemnisation une prééminence de l’homme sur la femme en d’autres termes les hommes sont pris en compte, mais pas les femmes.

Selon monsieur N’Dré kakou propriétaire terrien d’un site d’orpaillage clandestin, lorsque votre terre est réquisitionnée, (01) un Hectare de terre est dédommagé à 224 000 Fcfa.

Certains membres de la population sont exclus du dédommagement quand bien même que leur plantation ai été impacté. Au lieu d’un dédommagement global, prenant en compte toutes les victimes et bien c’est chacun pour soi.

Malgré toutes les initiatives dans le domaine il reste beaucoup à faire notamment former la population à une gestion pacifique des conflits générés par l’exploitation minière.

Un gros travail de sensibilisation est à faire auprès de la population qui est mal formé sur les conséquences réelles de l’exploitation minière de sorte à opérer des choix judicieux et objectifs pour eux.

À l’état il importe d’être plus regardant auprès des entreprises minières. Les études d’impacts environnementales sont menées, mais dans un pays où règnent la corruption, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des affaires publiques, on peut douter de l’objectivité de ces études menées qui sont toujours en déphasage et opposé aux réalités que vivent les populations.

Il ne s’agit pas de délivrer des permis aux entreprises, il faut veiller à ce que la RSE soit prise en compte et cela passe par un contrôle effectif et non un contrôle sur papier comme on connaît à Abidjan.

Il y a un mois environs l’état délivrait trois permis d’exploitations et la semaine dernière trois permis encore de recherche et de fouille minière. Notre pays s’annonce comme un très grand chantier aurifère vu l’intérêt de ces multinationales, Alors, il faut du contrôle.

Il faut retenir en définitif que tout projet de développement doit prendre en compte les questions environnementales de sorte à nous garantir un bien-être dans un lieu sain, les générations futures africaines ont besoin qu’on leur laisse un héritage plus beau et plus sain que le fruit de notre égoïsme et de notre insouciance face aux questions environnementales. Et si le changement commençais maintenant.(RECIT 2018)…

En l’état actuelle, les choses ont changés m’a indiqué mon informateur sur le terrain. plusieurs organisations ce sont penchées sur la question. l »union européenne avait  invitée toujours dans le courant de l’année 2018 l’APDH à paris pour un colloque international sur les mines afin de  partager avec eux les résultats du rapport sur les mines de l’époque. une délégation européenne est à son tour allée sur le terrain pour s’enquérir des réalités du terrain dans le cadre du fond PISCCA financé par l’ambassade de France et mis en œuvre par une coalition d’ONG ivoiriennes. Les populations malheureuses de Koutouclou Konankro ont  malgré eux même finis par rejoindre les habitations construite par l’entreprise minière pour les relocalisé. ce récit reste toujours d’actualité pour sensibiliser et appeler l’État ivoirien et chacun de nous à la responsabilité car le phénomène reste toujours apparent dans certaines zones aurifères


Réintégration des personnes déplacées/ retournées dans la région du Cavally, département de Toulepleu : 20 groupements reçoivent des kits de mise en œuvre d’AGR

 

Les graves violations des droits fondamentaux commises par les partisans des deux camps au cours de la crise ivoirienne et les affrontements les opposants ont provoqué le déplacement d’un million de personnes notamment dans zone ouest de la Côte d’ivoire  à l’intérieur et à l’extérieur du territoire.

Les personnes déplacées/retournées ont regagné leur foyer pour tenter d’y refaire leur vie. Les besoins humanitaires sont particulièrement prononcés à l’ouest et au sud-ouest du pays. Comme le disait le secrétaire générale de préfecture de Toulepleu, monsieur Yao Djè « selon les statistiques reçu des représentants du PNUD 90 % des populations déplacés retournées sont ressortissant de la zone ouest. »

L’accès à la terre reste l’un des principaux obstacles au retour des personnes déplacées dans ces régions, où les litiges fonciers récurrents perpétuent les déplacements et alimentent les tensions ethniques. En effet, la terre abandonnée dans leur fuite par les personnes déplacées ayant souvent été occupée, louée ou vendue frauduleusement par d’autres en leur absence.

images des représentants des 20 groupements bénéficiaires du projet

Ainsi à l’initiative de l’ONG PEHE, avec l’appui financier de la république fédérale d’Allemagne et l’appui technique du PNUD, un projet est en cours de mise en œuvre. Ledit projet vise à contribuer à la réintégration économique dans la dignité de personnes déplacées, retournées et au renforcement de la cohésion sociale et de la cohabitation pacifique avec les communautés d’accueil à travers l’identification et la mise en œuvre de projets de réponses aux besoins spécifiques de ces cibles dans le département de Toulepleu.

Après les formations que les récipiendaires ont reçues au préalable en gestion d’association, en comptabilité simplifiée, en culture de riz irrigué et élevage de volailles ils ont reçu le mardi 25 septembre, au sein du foyer des jeunes de Toulepleu des lots de kit pour mettre en œuvre efficacement leur AGR.

Les autorités présentes à cette cérémonie ont invité les récipiendaires à prendre soin les intrants qui leur ont été confié et à les faire « fructifié ».

monsieur mahama gbané , Chef de bureau du PNUD GUIGLO

Mahama Gbané représentant du PNUD a renchéri en faisant en sorte que cet apport ne soit pas un échec, car il y a des zones en côte d’ivoire où les organismes internationaux ont peur d’intervenir à cause de la zone qui a perdu sa crédibilité dans l’exécution des projets.

Conscient de toute la tâche et du travail à faire  Christopher Raymond, chef du bureau du HCR Guiglo  a invité le « les autorités, les acteurs de développement, le secteur privé, tous les partenaires à être présent dans les zones de retour afin que le programme de cohésion sociale soit réel. »

Les bénéficiaires quant à eux, n’ont pas voulu resté en marge des différents remerciements et ont promis « de ne pas décevoir et que les kits seront utilisé à bon essayant ».

Cette belle cérémonie s’est terminé par la remise symbolique aux autorités des différents kits .ce sont des tonnes de riz, de l’engrais, de tous les intrants pour la culture du riz et de l’élevage, des congélateurs et du matériel de rénovation de leur bâtiment…

bilan partiel

Bas-fonds Seibli

Des jours se sont écoulés après la distribution des kits et dans « curiosité) comme on le dit au pays  je suis allé sur terrain pour voir comment les gens se débrouillent sur le terrain et j’ai été largement  satisfait. Certaines localités comme Pehe qui, ayant à peine débuté leur activité depuis quelques jours se trouveront en rupture de stock. Ayant analysé leur marché comme leur avait enseigné leur formateur Herman Kouassi ils ont fait une légère réduction sur leur prix qui a attiré un grand nombre   de client.

Pour les personnes faisant de la culture de riz aussi j’ai pu noter  de grands casiers de riz en pleine mutation et des pépinières en cours pour combler les casiers vide déjà labouré.En tout cas ne soyons pas surpris de voir la récolte de riz dans le mois de novembre comme me l’a indiqué le président du groupement de Seibli, dans la sous-préfecture de Bacoubli. En attendant de vous inviter à manger le nouveau riz, locale j’ai repris mon sac pour une autre localité.

 

 


Jolie, la femme capable

Les mains dans la terre argileuse, Célestine place le mélange d’argile et d’eau dans un moule pour en faire des briques. Accompagnée d’un jeune garçon et d’une jeune fille, Célestine œuvre seule face au regard fasciné de nombreux hommes admiratifs. Ces dernières années ont vu naître de nombreux slogans qui incitent les femmes à entreprendre et à s’engager dans divers projets, à sortir de leur timidité pour faire et entreprendre. Pour certains le message est passé !

crédit photo : LEJUDIK
crédit photo : Lejudik

J’ai rencontré Célestine – surnommée « jolie » –  à l’extrême Ouest de la Côte d’Ivoire (dans  le village de Guéyédé, à environ 15 km de Toulepleu, à quelques kilomètres de la frontière du Liberia). Nombreux sont ceux qui parlent d’émancipation sans savoir de quoi il s’agit en vérité. Dans la vie, il y a des personnes que vous rencontrez et qui vous montre l’exemple. « Jolie » en fait partie : par son hyperactivité, elle nous donne une belle démonstration de ce qu’est une femme qui se bouge et qui entreprend. Son exemple nous « booste » et dépasse tous les beaux discours sur l’émancipation, l’égalité entre femmes et hommes etc.

crédit photo : Lejudik
crédit photo : Lejudik

La bravoure de ‘’jolie ‘’

La bravoure de ‘’jolie‘’ force l’admiration, on peut entendre les passants du village la surnommer « la femme capable ». Son courage m’incitât à lui arracher quelques mots, elle a accepté de me répondre avec un grand sourire. Elle n’a pas fait d’études de construction, elle a simplement eu la volonté de se prendre en charge et de ne pas compter sur son mari.

Les briques qu’elle fabrique lui servent à monter les murs de son futur projet, la construction d’un bar. Selon les experts, la technique utilisée par cette femme est une très bonne technique, d’origine libérienne.Celle-ci consiste à monter la charpente et la toiture en premier pour ensuite monter les murs de briques jusqu’aux limites fixées ; ainsi la pluie n’endommage pas les travaux qu’elle mène avec minutie.

Crédit photo: LEJUDIK
Crédit photo: Lejudik

« moi je ne compte pas sur garçon ho, en plus de cela j’ai environ une dizaine d’hectares de cacao que je fais »

Elle me dit « moi je ne compte pas sur garçon ho, en plus de cela, j’ai environ une dizaine d’hectares de cacao que je fais ». Étonnant de voir un tel exploit alors qu’on sait combien les travaux champêtres sont difficiles. Mais Célestine croit en son projet. Mariée depuis plusieurs années, on peut voir son anneau vieilli au fil du temps briller discrètement, comme pour nous confirmer que maman jolie est un cœur pris ! Elle est mère de 10 enfants dont huit sont depuis quelques temps au Canada grâce au HCR, pendant que les deux autres sont restés avec elle au village.

Crédit photo : Lejudik

« Maman jolie  » fait partie de ces femmes qui n’ont pas peur de faire les mêmes tâches que les hommes ; après tout, pourquoi une femme serait-elle limitée dans ces tâches ? On est étonné uniquement parce-qu’on n’a pas l’habitude de voir une femme entrependre !

En attendant de voir un jour Célestine finir ses travaux et ses grands projets, je lui ai transmis vos salutations et lui ai promis que sa bravoure serait racontée dans mon blog afin d’inspirer d’autres femmes ! Que celle qui hésite à se lancer, à s’engager, soit motivée et se lance !
Comme je sais que vous êtes des lecteurs très actifs, n’hésitez pas à partager son histoire. Moi j’ai fait ma part.