Hiré mine d’or ou de malheur 2 (suite)

Article : Hiré mine d’or ou de malheur 2 (suite)
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17 février 2019

Hiré mine d’or ou de malheur 2 (suite)

En janvier 2018 j’avais rédigé la première partie et la deuxième partie de cet article , hélas pour des raisons indépendantes de ma volonté la 2e partie n’avait été publiée. Comme on dit en Afrique il n’est jamais tard pour bien faire,voici   la suite de l’article hiré mine d’or ou mine de malheur 1.

Hiré est une localité dans la région du Goh à environs 4h de route d’Abidjan. L’adoption du Code minier et l’augmentation du prix de l’or au cours de la dernière décennie ont entraîné l’expansion rapide de l’exploitation minière, surtout aurifère en Côte d’Ivoire. Les localités de HIRE et de BOUAFLE (ANGOVIA) en particulier ont connu un afflux d’exploitants miniers artisanaux et industriels avec son lots de conséquences désagréable désastreuse pour les populations environnants et leurs environnements..

Pollution de l’eau et matière première agricole en voie de disparition

Selon l’article 11 du pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels et d’autres instruments relatifs aux droits de l’homme, chacun a droit à une nourriture suffisante, en quantité comme en qualité et exempte de substances nocives.

À Bonikro et Koutoukou Konankro des villages à côté de Hiré là on parle de pollution au cyanure. L’eau et les ruisseaux d’eau environnant sont pollués au cyanure.

Malgré les mesures qui sont prises, la population se plaint de maladie et de pathologie liée au cyanure. Dans une étude de l’ONG APDH mené en 2016, l’on a pu démontrer par prélèvement et analyse approfondie en laboratoire, la présence d’une dose très élevée de cyanure dans certains plans d’eaux du coin.

À Koutoukou Konankro, le bac à cyanure est un véritable spectacle de pollution chimique. Le sol rougeâtre mélangé au cyanure et aux résidus de roche fractionnée vous donne une couleur blanchâtre qui vous annonce déjà les couleurs de ses effets nocifs.

Au lieu d’être un espace bien surveillé et barricadé, certains coins de la grille sont ouverts et j’ai pu apercevoir un troupeau de bétail, légions dans la zone aller se nourrir dans cette zone cyanurée pendant que des pancartes interdisent de manger ou de boire dans les environs.

Un jour, ce bétail se retrouvera sur le marché et consommé par la population. Comme en Afrique, on ne fait rarement pas d’études et analyses approfondi sur la cause de la mort, la mort c’est sacré, et bien, on ne liera pas nos ennuis de santé à ces produits.

Concernant le sol, c’est un autre calvaire que la population vit dans les trois villages que j’ai sillonnés, il n’y a plus de moyens d’exercer la culture vivrière dans la zone, le sol est devenu dure et infertile. Les nombreuses tentatives pour faciliter les choses n’ont rien donné.

Dans le village Bonikro, la présidente des femmes rapportait pour exemple que sur une plantation de près de 10 hectares de cacao elle avait pu récolter que de malheureux grain de

cacao qui remplissait à peine son plateau en liane. Les grandes plantations ont été abandonnées au profit de l’exploitation.

Orpaillage clandestin

des orpailleurs clandestins dans une mine clandestine à Hiré

Dans les sites orpaillages, on ne pouvait y accéder et parler aux gens que sous la caution du chef d’exploitation. Les risques que les gens prenaient dans ses trous béants avec des moyens artisanaux de sécurité de site étaient flagrants. On pouvait noter en outre, la présence de toutes les couches de la population : enfants, jeunes et vieux, les femmes…

Ici et là, des enfants dans des étendues d’eau bouilleuse, aidée de leur mère s’adonnaient au lavage d’échantillons de terre obtenue par la fouille archéologique et vigoureuse de coups de pioche donnée par les hommes de la bande.

L’exploitation est à ciel ouvert, que dis-je tombeau ouvert, il suffit d’un écoulement de terrain et de boue pour laisser ce lieu devenir un cimetière.

Indemnisation injuste, et arbitraire

L’article 15 de la constitution ivoirienne dispose que : le droit de propriété est garanti à tous. Nul ne doit être privé de sa propriété si ce n’est pour une cause d’utilité publique et sous la condition d’une juste et préalable indemnisation.

Ainsi en droit ivoirien, la victime expropriée de ses terres doit faire l’objet d’une indemnisation. Le droit ivoirien ayant peu fait d’évolution il y a dans le processus d’indemnisation une prééminence de l’homme sur la femme en d’autres termes les hommes sont pris en compte, mais pas les femmes.

Selon monsieur N’Dré kakou propriétaire terrien d’un site d’orpaillage clandestin, lorsque votre terre est réquisitionnée, (01) un Hectare de terre est dédommagé à 224 000 Fcfa.

Certains membres de la population sont exclus du dédommagement quand bien même que leur plantation ai été impacté. Au lieu d’un dédommagement global, prenant en compte toutes les victimes et bien c’est chacun pour soi.

Malgré toutes les initiatives dans le domaine il reste beaucoup à faire notamment former la population à une gestion pacifique des conflits générés par l’exploitation minière.

Un gros travail de sensibilisation est à faire auprès de la population qui est mal formé sur les conséquences réelles de l’exploitation minière de sorte à opérer des choix judicieux et objectifs pour eux.

À l’état il importe d’être plus regardant auprès des entreprises minières. Les études d’impacts environnementales sont menées, mais dans un pays où règnent la corruption, la mauvaise gouvernance et la mauvaise gestion des affaires publiques, on peut douter de l’objectivité de ces études menées qui sont toujours en déphasage et opposé aux réalités que vivent les populations.

Il ne s’agit pas de délivrer des permis aux entreprises, il faut veiller à ce que la RSE soit prise en compte et cela passe par un contrôle effectif et non un contrôle sur papier comme on connaît à Abidjan.

Il y a un mois environs l’état délivrait trois permis d’exploitations et la semaine dernière trois permis encore de recherche et de fouille minière. Notre pays s’annonce comme un très grand chantier aurifère vu l’intérêt de ces multinationales, Alors, il faut du contrôle.

Il faut retenir en définitif que tout projet de développement doit prendre en compte les questions environnementales de sorte à nous garantir un bien-être dans un lieu sain, les générations futures africaines ont besoin qu’on leur laisse un héritage plus beau et plus sain que le fruit de notre égoïsme et de notre insouciance face aux questions environnementales. Et si le changement commençais maintenant.(RECIT 2018)…

En l’état actuelle, les choses ont changés m’a indiqué mon informateur sur le terrain. plusieurs organisations ce sont penchées sur la question. l »union européenne avait  invitée toujours dans le courant de l’année 2018 l’APDH à paris pour un colloque international sur les mines afin de  partager avec eux les résultats du rapport sur les mines de l’époque. une délégation européenne est à son tour allée sur le terrain pour s’enquérir des réalités du terrain dans le cadre du fond PISCCA financé par l’ambassade de France et mis en œuvre par une coalition d’ONG ivoiriennes. Les populations malheureuses de Koutouclou Konankro ont  malgré eux même finis par rejoindre les habitations construite par l’entreprise minière pour les relocalisé. ce récit reste toujours d’actualité pour sensibiliser et appeler l’État ivoirien et chacun de nous à la responsabilité car le phénomène reste toujours apparent dans certaines zones aurifères

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