Les obsèques du droit à l’éducation en Côte d’Ivoire

Article : Les obsèques du droit à l’éducation en Côte d’Ivoire
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14 septembre 2017

Les obsèques du droit à l’éducation en Côte d’Ivoire

Normalement le développement d’une nation passe par l’éducation, ainsi toutes nations qui souhaiteraient un développement fulgurant devraient investir dans son système éducatif. Malheureusement, au rang des pays en voie de développement qui ne l’ont pas compris,  la Côte d’Ivoire est bien placée. Ce billet est un cri de cœur de tous ses parents qui peinent à nourrir leurs familles et qui consacrent le peu qu’ils ont pour l’éducation de leurs enfants, de tous ces jeunes ivoiriens élèves et étudiants qui chaque jour se lèvent  tôt le matin pour se rendre dans ‘’les temples du savoir ‘’ dans l’espoir d’être les dirigeants de demain.

A l’époque du Président Laurent Gbagbo, on nous disait que l’école ivoirienne était la poubelle et qu’il était le lieu de tous les vices et les faux coups, corruption insalubrité  et autres, oui les écoles et universités du pays ainsi que les résidences ressemblaient à des porcheries.

Pauvres que nous étions, nous n’avons pas d’autres alternatives à par l’école et le système que notre pays a bien voulu mettre à notre disposition. Néanmoins, on évoluait dans cette histoire, un est mieux que zéro comme on le dit à Abidjan, mais à dire vrai, le zéro sur dix ne vaut rien.

Certains ont dit que l’école en Côte d’Ivoire était instrumentalisée au point d’être un des bras armés dans la crise que la Côte d’Ivoire a connue et pour cela on a  payé deux ans de nos vies assis chez nous en attendant qu’une main salvatrice vienne changer les choses et renouveler tout le système éducatif

Une fois au pouvoir le Président Alassane Ouattara  prend de grosses décisions en faveur de l’éducation : réhabilitation des universités, construction de nouveaux bâtiments, application de système LMD, école gratuite… en tout cas le programme était beau. Revenu après la fermeture et bien tout était beau vraiment les bâtiments et autres, de l’extérieur tout rayonnait, mais à l’intérieur c’était pourri.

Mon expérience d’étudiant en droit

Muni d’espoir et de persévérance, on s’est lancé dans cette nouvelle  aventure. Ce n’était pas sans difficulté pour nous. Pour exemple moi, jeune étudiant de la faculté de droit, j’ai manqué par deux fois de reprendre mon année soi-disant parce que ma note de TD (Travaux dirigés) avait disparu ou bien que ma note d’examen n’avait pas été reportée. Vous direz que c’est fréquent, mais si vous étiez à ma place, vous n’aurez pas dit cela surtout si vous avez une administration hostile qui vous rend coupables de leur désordre et de leur irresponsabilité. Une administration qui ferme ses oreilles lorsque vous agonisez et ferme les yeux lorsque vous défilez devant, elle ferme ses portes lorsque vous cherchez de l’aide. S’en remettre à la prière et au jeûne apparaît comme votre alternative pour vous sortir de ce gouffre.

Mais cela ce n’est rien, alors que j’avais décidé de m’inscrire pour mon année de master II professionnelle, l’argent de l’inscription que j’avais versé a été détourné par un système interne de l’Université et comme c’est le plus fort qui l’emporte de nombreux étudiants ont été contraint de se réinscrire en attendant qu’une prétendue responsabilité soit située et que les coupables soient condamnés.

De quelle condamnation je parle ! Au pays des leurres, tout est passé sous silence. Jusque-là je ne sais plus rien de l’affaire. Depuis mon inscription à mon master professionnel, je croyais que tout était bien parti, que j’allais enfin bénéficier d’un régime différent de celui que l’on servait aux étudiants vus le montant de la scolarité pour une université publique 1050000.

Mais là encore je me suis trompé, désordre et manque d’organisation ; cela allait, on arrivait à supporter. Depuis que j’ai fini le master ce n’est qu’un an après que j’ai eu mes résultats, les résultats sortis à mon insu. Mieux encore pour mon mémoire de master, c’est une autre affaire, deux ans après je n’ai toujours pas écrit pour dire soutenir ; et j’en suis responsable il paraît, donc vous pourriez me jeter la pierre.

L’État et ses nombreuses mesures non appliquées

Cette liste de problèmes n’est rien à comparer à ce que les autres ont vécu. L’État ivoirien a rendu l’école obligatoire jusqu’à l’âge de 16 ans, mais dans quelles conditions garantir qu’un enfant de pauvre qui n’a pas les ressources financières vienne s’étouffer dans une école en agonie qui ne garantit nullement la sortie du gouffre.

Les ministres ivoiriens sont spécialisés dans les grands discours sophistes pour bercer les bailleurs internationaux de leur volonté à faire rayonner la Côte d’Ivoire aux côtés des grandes nations, mais au fond ce qui est fait donne des maux de cœurs. Leurs enfants eux n’ont rien à craindre, ils sont bien formés dans des universités de prestige et de renommer en attendant de prendre fonction aux postes que leurs parents ont bien voulu leur préparer.

Le droit à l’éducation, un des droits fondamentaux, est reconnu à ceux qui ont des comptes bancaires bien fournis, le pauvre n’a pas le droit d’être éduqué pour venir rivaliser en matière de performances avec les enfants des plus huppés. Des conventions internationales sur les droits de l’homme ont été ratifiées par l’état ivoirien toutefois leur application en reste limitée.

Les grèves au lieu de diminuer s’intensifient, l’état durci son discours, les syndicats se révoltent les élèves mis dehors, les écoles se vident et les rues absorbent de nouveaux disciples pour la sale besogne.

La répression des revendications étudiantes

                              

Ce mercredi 13 septembre 2017, un événement a fait déborder le vase alors que je voyais toutes ces images de répression d’étudiants sur les réseaux sociaux. Ces étudiants pour avoir revendiqué pour la diminution des frais scolaires se sont vus assiégés dans leurs résidences universitaires et roués de coups dans la zone de Cocody Mermoz. Pendant que l’on attendait une réaction ferme et intelligente de l’état ivoirien sur les problèmes d’insécurité en croissance dans le pays dû aux attaques de camps militaires et de civils, par des « microbes ». Ce sont les « enfants en conflit avec loi », comme les désignent affectueusement la loi en Côte d’Ivoire. Cependant, lorsqu’il s’agissait des étudiants, l’armée a répliqué, avec sauvagerie, en utilisant les lacrymogènes, les matraques. .

Une liste de propositions pour l’éducation

J’ai toujours dit que le problème de l’école ivoirienne est un problème qu’il faut analyser de façon sérieuse.

  •  Une réelle réflexion sur la question. Que chaque acteur de l’éducation soit associé aux travaux de réflexion enfin que les décisions aient l’assertion des parties prenantes. Car un projet, dont la cible est extérieure, a de fortes probabilités d’échecs.
  •  Faire de l’éducation une priorité et ce pas dans le discours et les bilans financiers, mais dans la réalité.
  • Mettre l’école en dehors de la politique et des pratiques dolosives qui cachent des ambitions privées, personnelles et politiques.
  • Améliorer les modules de formation et le système d’enseignement

Je termine mon propos par une pensée pour tous ces élèves et étudiants de Côte d’Ivoire qui croient en un lendemain meilleur et se battent dans leurs études pour avancer :

  Demain sera sûrement meilleur, demain sera nécessairement  meilleur, car le travail paye. Croyez en ce que vous faites et Dieu fera le reste.

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Commentaires

Belizem
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Le mauvais sens est finalement la chose la mieux partagée dans nos pays. L'enfant est devenu l'ennemi de l'homme. Vivement que les dirigeants t'ecoutent.

lejudik
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belizemn malheureusement tu as raison... en gros l’éducation des enfants de pauvres n'intéresse pas les dirigeants, leurs enfants eux ont accès à une éducation de prestige