En Côte d’Ivoire, le stage illimité, un frein pour l’employabilité des jeunes diplômés

Article : En Côte d’Ivoire, le stage illimité, un frein pour l’employabilité des jeunes diplômés
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22 mai 2017

En Côte d’Ivoire, le stage illimité, un frein pour l’employabilité des jeunes diplômés

Tout le monde aspire à un emploi stable bien rémunéré, comme on dit en anglais avec un  » good packages » toutefois à défaut de l’avoir surtout pour jeunes diplômés, on recourt à des stages (illimités) en entreprise avec des primes ou pas. En Côte d’Ivoire, les entreprises ont recours à cette pratique qui est un frein à l’employabilité des jeunes diplômés.

Le chômage oblige en tout cas plusieurs jeunes ivoiriens à courir de stage en stage d’entreprise à entreprise  pour acquérir l’expérience tant recherchée par tous les employeurs et s’occuper sainement. Force est de constater que bon nombre d’entreprises usent donc de cette faiblesse pour imposer des temps et des périodes de stage irréguliers. Des entreprises prennent de jeunes stagiaires à qui on laisse une grande partie des tâches et qui sont dans la spirale d’un stage éternel.

Les jeunes ont soif de prouver à leurs employeurs leurs aptitudes à occuper pleinement les fonctions qui leur sont assignées se donnent à fond, pour se voir titularisé un jour, mais, hélas, cette titularisation n’arrive jamais. Ils sont ballotés comme des feuilles mortes à la recherche d’un espace où se poser mais, au lieu de se poser n’importe quel vent de passage les emporte, les revoilà encore dans les airs.

Un système frauduleux qui profite aux entreprises

En réalité ces pratiques profitent aux entreprises qui voient en ce système frauduleux les moyens de bénéficier de compétence à moindre coût sinon à zéro coût. Et certaines entreprises sont passées maître dans l’art du renouvellement des stagiaires. Je ne le dis pas de façons abstraites mais en connaissance de cause.

Pendant un moment, j’ai travaillé dans une entreprise d’un grand groupe français de cacao et pendant cette période j’ai eu à rencontrer plusieurs personnes notamment : des stagiaires abusés ; en effet ils étaient nombreux dans l’entreprise à faire des tâches vraiment épuisantes et interminables que des titulaires auraient fait, pas des stagiaires. Ainsi, ils n’ont pratiquement aucune assurance, ils peuvent être renvoyés à tout moment  et sans droit après une année de stage (avec prime de transport dans certains cas). Dans la même entreprise, tu pourras remarquer des milliers d’employer intérimaire depuis des années dont les contrats de journalier peuvent expirer à n’importe quel moment.

Certaines ONG ivoiriennes ont adopté les mêmes pratiques

Des organisations de la société civile ivoiriennes (les ONG) semblent avoir adopté cette démarche. Elles recrutent des stagiaires à durée illimitée pour soi-disant les former sans une prime de transport. Même quand les moyens le permettent ils sont exclus de tout projet de rémunération mensuel. «  On dit, c’est du bénévolat, on fait  », mais, même pour cela il y a des limites, car les jeunes stagiaires se tuent à la tâche pendant que les responsables recueillent les lauriers et fruits de ce travail.

Il faut que ça change, ces mentalités qui ne profitent pas réellement à ces jeunes qui sont l’avenir de la nation. Comment fonder une famille si on reste un éternel stagiaire avec une prime de transport et autre de même genre.

Une violation du droit du travail

Ces pratiques sont à proscrire car, elles constituent de véritables nids de violations  des droits inhérents à chaque individu notamment du droit à un emploi et l’état devrait jeter un regard plus conséquent sur les acteurs du secteur privé. Certes, il existe des inspecteurs du travail mais combien  en connaisse leur existence.

L’on pourrait procéder comme en France où l’Assemblée nationale a définitivement votée, le 26 juin 2014, une nouvelle loi importante visant un encadrement des stages et l’amélioration du statut des stagiaires parce qu’à mon avis les dispositions de la LOI 2015-532 du 20 juillet 1015 portant Code du travail en leurs articles 13.11 à 13.20 ne protège pas assez les stagiaires.

En attendant un nouveau régime juridique plus favorable  pour les stagiaires en Côte d’Ivoire  « on dit dents pourris est mieux que bouche vide »(pour dire qu’au lieu de ne rien avoir du tout , on va se contenter du peu ) mais bon…jugez en vous même .

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Commentaires

Fenosoa Sergia
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Bien dit!